Destinations

3 semaines en Iran

Arrivée en Iran: choc des cultures? Pas tant que ça…

Le 1er choc a eu lieu à Roissy à l’enregistrement des bagages sur Emirates car le mec a tout de suite tiqué sur le fait que j’étais « non accompagnée » (Hahaha comme s’il s’agissait d’un enfant) il a donc tout fait pour me prendre la tête et me mettre des batons dans les… sacs. Un des bagages cabine était trop lourd, un autre trop petit, les sacs à dos ne lui convenaient pas… puis il a vérifié sur le site de l’ambassade si je pouvais bien aller en Iran seule et si les formalités de visa étaient conformes à ce que je lui avais dit ! Bref, hyper tatillon et finalement dégouté de constater que j’avais raison il m’a presque jeté les passeports à la figure. Je me suis dit oulala ça commence bien le coté femme seule… mais il en aurait fallu plus pour entacher mon moral ce jour là !

A l’atterrissage, immersion immédiate dans le pays: toutes les femmes ont mis leur voile dans l’avion, moi comprise et ont rajusté leurs tenues (tuniques à manches longues…)
Les formalités de visa ont été longues mais sans problème et les premiers regards et sourires interrogatifs à notre égard ont commencé.

Errant à Téhéran

Je suppose que comme beaucoup de grandes villes, elle doit mériter de s’y attarder pour peu qu’on ait le temps, l’énergie et quelques bons conseils. Au 1er abord je n’ai pas été particulièrement touchée par cette ville. Grande métropole impersonnelle: chaleur, pollution, béton, autoroute, … trop grand, trop de monde, trop trop trop. J’aurais aimé errer justement… mais non.
Malgré tout, nous avons pu nous émerveiller devant les 1eres mosquées et autres splendeurs architecturales. Et, ô combien important, Elias a pu manger les kebabs dont il rêvait depuis des semaines; 2 en 3 jours. Finira t il par s’en lasser?

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À voir: le grand bazar, le palais du Golestan, la mosquée du Bazar, celle de Tajrish, l’avenue Valy Asr qui  s’étend sur une vingtaine de km et révèle plusieurs aspects de la ville, au nord les quartiers huppés, au sud les populaires, l’ancienne ambassade américaine et ses affiches de propagande…

 

Sortir de la ville: faire une petite marche à Darband au nord de Téhéran.

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Massouleh

C’est un joli petit village perché sur la montagne dans le nord du pays avec des maisons en pisé, aux tons ocres qui nous rappellent le Maroc. On y a déjeuné et passé quelques heures, entourés de touristes locaux qui se photographiaient dans des tenues traditionnelles louées pour l’occasion. et qui m’ont beaucoup photographiée également. J’ai découvert la notoriété, qui ne m’aura plus quittée du voyage !
Le chauffeur qui nous a conduit dans ce village était surexcité !!! Il roulait à toute vitesse et doublait n’importe comment. On a beaucoup ri quand il nous a dit qu’il habitait à Fouman – le bien nommé – autre village sur la route. Ce trajet a confirmé ce que j’avais constaté à Téhéran concernant la conduite iranienne: c’est complètement anarchique ! Les conducteurs inventent une 3 ème voie pour doubler au milieu des 2 existantes, ils accélèrent et freinent frénétiquement; chaque trajet en voiture est digne d’une course poursuite de cinéma. Cela dit, chapeau pour la maitrise du frein, toujours à 2cm de la voiture de devant ou du dos d’âne !

 

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Tabriz, à la recherche des soufis 

J’ai tant rêvé de Tabriz en lisant Soufi mon amour que j’ai été quelque peu déçue; je n’ai malheureusement pas trouvé de traces des soufis et les gens sur place ne m’ont pas beaucoup renseignée non plus. J’ai appris par la suite que le gouvernement a interdit la pratique du soufisme… ceci explique cela.
Les gens doivent pratiquer le même islam que le gouvernement !…

Nous avons eu la chance de rencontrer dans le bus de nuit qui nous conduisait vers Tabriz, deux françaises et un espagnol extraordinaires avec qui nous avons passé 2 jours. Avec eux, non avons découvert la ville à travers une partie endiablée du jeu « le sol c’est de la lave/The floor is lava. (Quand l’un des membres prononce cette phrase, tout le monde doit se percher pour ne plus toucher le sol.) Cela a suscité beaucoup d’interrogations et de rires parmi les habitants. Cette rencontre nous a aussi permis de mieux apprécier la ville et ses alentours.

À voir: la mosquée bleue, la mosquée du vendredi, le bazar, la citadelle…

Dans les environs, Kandovan, village troglodyte.

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À Kashan, transpercée par la Perse 

C’est en arrivant à Kashan que j’ai réellement trouvé ce que j’étais venue chercher en Iran: la contemplation, l’éblouissement permanent.

L’architecture islamique et surtout ses ornements, la perfection dans le détail, les couleurs, la pureté de la symétrie, les mosaïques et les faïences, le bois sculpté,  le plâtre ciselé, les miroirs … m’ont littéralement enchantée !

Décor d’Aladdin sur les toits des bains:

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C’est un matin, alors que je me promenais seule dans la ville, étourdie de chaleur et de contemplation, que je fus transpercée par la Perse.
J’avais sans honte laissés les enfants, las de visites, devant des écrans afin qu’ils ne se déconnectent pas trop du monde réel.
Et, sous prétexte d’aller leur chercher des fruits (ils n’apprécient guère les tomates-concombres-pseudo fêta servis au petit déjeuner), j’ai pris plaisir à flâner dans les ruelles de la ville. Ruelles qui évoquent Marrakech mais dans lesquelles on peut marcher 10 min sans croiser personne (embêtant quand on est perdu mais très agréable au demeurant.)

De grandiose en sublime je ne cesse de m’émerveiller…

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Dans les environs de Kashan, nous avons passé une nuit dans le désert, la nuit en elle-même fut épouvantable, piqués par des bêtes minuscules toute la nuit … mais avant cela, nous avons partagés des moments de bonheur et de joie sur les dunes, roulés dans le sable, foulard au vent. Andrea rêvait d’aller dans le désert, c’est chose faite (il y était allé mais était beaucoup trop jeune pour s’en souvenir).

A voir: les bains du Sultan Amir Ahmad, la maison des Abbasi, la maison des Tabatabei, le jardin Fin, la mosquée du vendredi…

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Ravissement à Ispahan

(prononcé Isfahan ici, ah cette manie française de rebaptiser les villes !)
L’éblouissement continue, tous les superlatifs sont de mise…

Nous sommes subjugués des sols aux plafonds.

Ancienne capitale Perse, joyau d’architecture, Isfahan a tenu ses promesses.

On a passé des heures à faire le tour de l’immense place de l’imam Ali,

à flâner à l’instar des iraniens, à s’extasier devant les palais et mosquées,

à admirer le coucher du soleil sur le pont des 33 arches, …

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On a également assisté à un entrainement de Zurkhanei, dans une « maison de la force », les enfants s’attendaient à de la lutte, c’était en fait un mélange de danse patriotique, de gymnastique, d’acrobaties et de démonstration de forces, le tout rythmé par une sorte de maitre de cérémonie au son du gong et du tambour… assez déconcertant !

 

À voir: la place de l’imam Ali avec ses mosquées , le palais Ali Qapu, la mosquée du vendredi, le pont aux 33 arches…

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Extase à Shiraz

Nasr el Molk ou la mosquée rose: contrairement à d’autres, vue de l’extérieur elle n’est pas exceptionnelle, moins imposante et les céramiques aux tons rose ne donnent pas le même effet de loin mais méritent qu’on s’en approche car elles sont subtiles et délicates… On m’avait conseillé de venir entre 8h et 10h pour avoir la meilleure lumière, celle qui laisse passer la lumière rose à travers les vitraux. Nous y étions donc à 9h après un copieux petit déjeuner, invités chez des iraniens, et là, Oh mon Dieu !!! Je fus totalement submergée par l’émotion. expérience mystique extatique unique.

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Après quelques photos de famille, Andrea a fini sa nuit sur les tapis, Elias est allé dans la cour avec notre ami Alireza et j’ai pu prendre le temps de me laisser imprégner, d’admirer, de chercher le meilleur angle de vue pour photographier, d’observer les touristes iraniens… et même de répondre à une interview de jeunes iraniennes qui voulaient « pratiquer leur anglais » !

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Cette journée s’est poursuivie par la visite de Persépolis et de Necropolis.

Ruines de cette civilisation déchue, lieux chargés d’histoire.

A voir : le tombeau d’Hafez, la porte du Coran, la mosquée rose, le mausolée et bien sûr Persépolis.

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Yazd, dernière étape

Arrivés au petit matin, on a eu la chance d’atterrir dans le même hôtel que notre amie turque avec qui nous avions passé la nuit dans le désert. C’est donc ensemble que nous sommes allés voir les incontournables des environs à savoir Kharanagh, vestiges d’un village pré islamique, Chak-Chak, lieu de pèlerinage des zoroastriens. C’est un sanctuaire, à flanc de montagne. Arrivés dans le temple qui s’apparente à une grotte, on est pris par un sentiment étrange, en effet, il y règne une atmosphère particulière, entre la fatigue de la montée des marches sous un soleil de plomb, le bruit des gouttes d’eau qui ruissellent le long de l’ une des parois, les ombres des arbres qui se reflètent et dansent sur une autre paroi, la légende d’une princesse réfugiée en ce lieu,  on est forcément touché par ce site empreint de spiritualité.

Yazd, c’est aussi une ancienne étape chamelière avec une sorte de médina où les maisons construites en pisé, sont surmontées par une tour du vent; ingénieux système d’aération dans cette ville aux températures extrêmes.

J’ai pu me promener et me perdre en compagnie d’Elif, ma copine turque, laissant les enfants se reposer dans le patio de l’hôtel. Au final ils n’auront rien vu de la ville mais c’est pas bien grave !

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Retour à Téhéran

 En Iran, les CB internationales ne sont pas acceptées, il est donc impossible d’aller au distributeur, il faut emporter avec soi la somme nécessaire au séjour. Je n’avais pas prévu assez, du coup pour les derniers jours je me suis retrouvée à chercher désespérément un hôte en couchsurfing, sans réponse positive. Apres hésitation, j’ai contacté une fille photographe que j’avais commencé à suivre sur Instagram quelques mois avant (suite à un article dans Télérama au sujet d un reportage  sur Arte). Bref je lui ai demandé si elle pouvait nous aider à trouver un hébergement « very cheap » et elle a proposer de nous héberger. nous avons donc passé les 2 derniers jours avec elle et ce fut extra. Grâce à elle nous avons pu voir la ville sous un autre angle et passer une soirée dans le milieu artiste  et ainsi avoir une  autre vision du pays. J’étais donc un peu triste de partir!

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Quitter l’Iran: bilan et réflexions

L’Islam: chiisme, mollah et autres ayatollahs

La religion est très présente en Iran mais les iraniens sont chiites donc c’est différent de ce que l’on connait. Je ne vais pas détailler ici mais on y était le jour de l’aid et rien ne semble s’y passer de particulier, c’est un jour ordinaire !

En parlant avec des gens, beaucoup de jeunes se disent athées,  se plaignent de toutes les contraintes avec lesquelles ils doivent vivre. Certains aimeraient vivre ailleurs mais pas nécessairement, ils ne rêvent pas de l’eldorado occidental mais espèrent plutôt que leur pays va changer et pouvoir s’ouvrir davantage.

Khomeyni et Khameyni, que nous avons rebaptisés les kho 😉

Il s’agit du « guide suprême » et de son prédécesseur, ils sont omniprésents dans le pays. Leurs photos sont partout, sur les édifices publics et religieux, l’un à gauche, l’autre à droite, garants du respect de la république islamique, tel un rappel à l’ordre pour dire je vous vois…

Autre rappel permanent à la sobriété et à l’austérité:

Les photos des martyrs qui trônent sur le terre plein central de la grande avenue de chaque ville. Martyrs de la guerre Iran Irak qui a fait plus d’1 million de morts. Il y en a aussi devant certaines mosquées, mausolées. A ce propos les femmes elles n’ont pas le droit de photo !

Les personnes qui ont perdu un proche ne sont plus censées rire…

En général en tant que femme d’ailleurs il est très mal vu de rire, de parler fort…

En tant que femme on apprend très vite que la vie va pas être facile, et différente: dés l’âge de 8 ans elles doivent porter le voile, faire la prière, le ramadan… tandis que pour les garçons, l’âge est fixé à 14 ans !

Les garçons et les filles ne doivent plus se côtoyer de 6 à 18 ans. Et plus tard tout est très policé, il y a un wagon réservé aux femmes dans le métro (pour les protéger ou pour les éloigner?) et une partie du bus.

Et la police des moeurs veille au bon respect des lois.

Un jour à Kashan, j’ai fait rire aux larmes un groupe de femmes en noir en entrant dans une mosquée car je n’avais pas la tenue conforme (je portais une robe longue juste au-dessus des chevilles, sans pantalon !!!)

Comme beaucoup de pays l’iran oscille entre tradition et modernité, obligation et transgression. Ainsi, dans les grandes villes, les tchadors sont remplacés par des voiles colorés à peine posés sur le dessus de la tête, laissant apparaître le plus de cheveux possibles, les corps sont tatoués (bras et chevilles pour ce que j’ai pu voir déjà) et le recours à la chirurgie esthétique est de mise. On croise beaucoup d’iraniennes avec le pansement sur le nez, car il est de bon ton que cela se sache !

La gentillesse et l’hospitalité des iraniens n’est pas un mythe, à chaque fois que l’on a demandé notre chemin, quelqu’un s’est chargé de nous accompagner, à pied ou en voiture, et même quand on ne le demandait pas, juste quand on avait l’air perdu, quelqu’un venait à notre rencontre pour nous aider, nous trouver un taxi ou une autre solution… On a beaucoup suscité la curiosité également, partout des gens mont abordée pour demander « where are you from? », puis « can I take a picture with you? » Je me demande d’ailleurs ce qu’ils ont bien pu faire de toutes ces photos de moi, si exotique 😉

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Et alors, vous avez bien mangé?

Euh… du bon et du moins bon, nous avons pu gouter quelques délicieux plats traditionnels chez des iraniens ou au resto avec eux pour se faire aider dans les choix, sinon on trouve surtout des kebabs… On a aussi mangé quelques  trucs vraiment pas bons, des glaces et des beignets au safran, et obligés de les manger car ils avaient été gentiment offerts… A la fin du séjour, économies obligent, j’ai trouvé des auberges avec cuisine et j’ai fait des pâtes !

Un midi à Shiraz, nous avons pique niqué de kebabs, dans un parc avec notre chauffeur et son fils avec qui nous avons sympathisé ! Les kebabs à l’iranienne sont une version améliorée de ce que l’on connait, choix de viande hachée ou poulet en brochettes, servis avec du pain plat, des tomates grillées, de la sauce blanche, des oignons, des piments, et chacun fait son sandwich à sa guise.

 

 

12 commentaires sur “3 semaines en Iran

  1. Bravo et merci infiniment pour ces merveilleux retours sur vos péripéties en Iran !
    J’aime beaucoup votre manière très simple et sans détour de dire honnêtement tout ce que vous avez vécu.
    Je vous admire pour la volonté que vous avez eu de franchir le cap seule avec deux enfants merveilleux !

    Bonne continuation dans votre périple, je reste connectée à vous !

    Habiba

  2. Tres belles photos, et merci pour l’immersion!

    J’ai bien ri de fouman le bien nommé 🙂

    Maintenant je vais aller me renseigner sur le soufisme et le zarasous… zorro-sas… l’autre truc la.

  3. Faire un tel voyage avec tes enfants a dû être géniale comme expérience. Personnellement, je t’envie, car je ne sais pas si j’aurais eu le courage de visiter autant de pays avec mes petits bambins. 🙂
    À très bientôt

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