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Cambodge

En escale pour 5 heures à Kuala Lumpur je prends le temps de rédiger mon article sur le Campodge, à chaud, en quittant le pays.

J’ai eu un véritable coup de coeur pour ce pays, cela est probablement dû à la beauté des paysages (rizières, foret dense, …) à la sympathie de la population (on a rencontré des khmers et surtout des enfants) et aussi au fait que c’est un peuple qui a été longtemps opprimé et marqué par une sombre histoire.

Passage de frontière

Le 25 novembre nous avons quitté l’ile de Phu Coq au Vietnam pour nous diriger vers le Cambodge. Cette journée ne fut pas de tout repos car aux galères classiques de trajets (bus, attente, ferry, attente, bus, attente, bus, …) se sont rajoutées des galères de visas. Un bus nous a déposé à la frontière afin de passer la zone à pieds. La sortie du Vietnam s’est faite sans problème mais à l’entrée au Cambodge le douanier a refusé de prendre un de mes billets de 50 $ sous prétexte qu’il était un tout petit peu abimé (à peine une minuscule entaille). Ayant appris qu’il fallait payer le visa en dollars, j’avais pourtant pris soin de changer de l’argent avant (à un taux exorbitant !)

J’étais désespérée à l’idée de devoir retourner chercher des dollars, j’imaginais rater le bus et rester coincée là ! J’ai donc pris mon air catastrophé de pauvre femme qui vient de se faire refourguer un billet inutilisable par une personne mal intentionnée et qui ne sait pas comment elle va faire avec ses sacs et ses kids… surtout après avoir tamponné la sortie du pays… Mais qu’à cela ne tienne, comme c’est souvent le cas dans ces pays, on invente des problèmes autant qu’on trouve des solutions ! Le douanier a donc appelé un de ses collègues qui m’a emmenée sur sa moto jusqu’à un pseudo bureau de change côté Cambodge où j’ai pu, moyennant une petite commission, échanger mon billet.

Kep / Kampot

Après cette folle journée, le soir nous sommes enfin arrivés à Kampot. On a trouvé une guesthouse fort sympathique, à côté d’un centre de yoga, au bord de la rivière et dans laquelle il y avait un billard gratuit, bref de quoi nous satisfaire tous les trois.

Dès les premiers jours au Campodge on a regardé le film d ‘Angelina Jolie: Et d’abord ils ont tué mon père afin de comprendre l’histoire du pays et la folie des khmers rouges. Je conseille d’ailleurs vivement ce film à ceux qui ne l’auraient pas vu. C’est dur mais c’est très bien fait.

Nous avons passé une semaine entre Kampot et Kep, deux petites villes sur le golfe de Thaïlande, à nous promener et nous imprégner de ce nouveau pays. Au 1er abord cela ressemble beaucoup au Laos, tant par les paysages, que par la gentillesse de la population (à part quelques tuk tuk un peu accros aux dollars 😉 )

Nous avons sillonné la région, à vélo, en tuk tuk et en minibus, visité la station d’altitude de Bokor, ancienne station climatique construite par les français, plusieurs fois abandonnée, située à 1000m d’altitude. C’est un lieu étonnant qui a abrité les français puis a été récupéré par la famille royale et enfin a servi de bastion aux khmers rouges.

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La campagne environnante recèle aussi quelques trésors, des grottes, des marais salants, des champs de poivre (Kampot est connue pour son poivre vert) …

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Au cours de cette première semaine, nous avons fait la connaissance de différentes personnes (bénévoles voyageurs, volontaires, stagiaires…) travaillant au sein d’une association proposant un accueil périscolaire pour les enfants de la ville de Kep. Nous avons passé 2 jours avec eux, Elias et Andrea ont participé aux activités avec les enfants (cirque, jeux, plage…) et de mon côté j’ai assisté aux cours d’anglais et donné quelques conseils aux jeunes recrues chargées d’apprendre l’anglais aux petits de 6 à 8 ans…

Nous avons ensuite pris la route pour Phnom Penh afin de récupérer mon amie Julie à l’aéroport et de filer directement vers Siem Reap où j’avais prévu de participer à une course le 3 décembre (10 km d’Angkor).

Les temples d’Angkor; encore encore !

« Qui nous dira le nom de ce Michel-Ange de l’Orient qui a conçu une pareille œuvre, en a coordonné toutes les parties avec l’art le plus admirable, en a surveillé l’exécution de la base au faîte, harmonisant l’infini et la variété des détails avec la grandeur de l’ensemble et qui, non content encore, a semblé partout chercher des difficultés pour avoir la gloire de les surmonter et de confondre l’entendement des générations à venir ! » Henri Mouhot, naturaliste français, en découvrant les temples d’Angkor au XIXème siècle.

Angkor, incroyable site archéologique qui s’étend sur plus de 400 km2 au milieu de la forêt. Il comprend les temples certes mais également des structures hydrauliques et des routes, le tout témoignant de la grandeur de la civilisation et de ses valeurs culturelles, religieuses et symboliques.  Les temples sont le reflet de l’art et de l’architecture khmère: temples montagnes, temples à galeries, ornements, sculptures, décorations, bas reliefs,… dédiés à l’origine aux dieux hindous puis à Bouddha.

Ils ont été construits entre le IXème et le XVIème siècle en grés de différentes couleurs et en latérite; les temples principaux ont été tour à tour temple d’état dans Angkor alors ville sacrée et capitale. La cité médiévale comptait à son apogée un million d’habitants ! Puis elle a été plus ou moins abandonnée au fil des guerres et du temps et la nature a repris le dessus. On peut voir dans certains temples les arbres et les racines dévorant les pierres.

Aujourd’hui, c’est le site le plus visité du Cambodge avec près de deux millions de visiteurs par an !

Dans l’ensemble on a eu de la chance car on n’a presque pas senti la présence des cars de touristes, on faisait les visites en décalé, surtout à l’heure du déjeuner et on a été plutôt tranquilles.

Angkor Vat

Le temple le plus connu, le plus récent et le mieux conservé. Il est devenu le symbole du Cambodge et est reproduit sur le drapeau national. Il semble que la plupart des visiteurs le gardent pour la fin des différentes visites mais – pour ne pas faire comme tout le monde – nous avons choisi de commencer par ce temple afin de prendre tout de suite la mesure de l’ampleur et de la beauté des lieux.

Ta Prohm

Second temple par sa popularité, du fait des enchevêtrements de racines autour des murs et des arbres qui se substituent aux colonnes (et aussi connu depuis le film Tomb Raider tourné en partie sur le site).

 

Neak Pean

Petit temple entouré par les eaux, sans grand intérêt en soi si ce n’est le chemin pour y accéder. On traverse une passerelle qui surplombe un marécage. décor étrange, lunaire, apocalyptique.

 

East Mebon

 

Le Bayon

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Ce temple est imposant, extrêmement impressionnant. C’est celui que nous avons visité en dernier et c’est celui que j’ai préféré. On l’a visité en fin de journée et c’était troublant ces 216 têtes sculptées sur lesquelles les rayons du soleil donnaient des teintes irisées. Tous ces visages géants donnent l’impression d’être observé et protégé à la fois comme une présence bienveillante (omniprésence même).

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La course / Les villages flottants

Entre les jours de visites il y a eu la course; le marathon d’Angkor. Le même jour sont organisées plusieurs types de courses: marathon, semi-marathon, 10km ou encore une course familiale de 3km. Cet événement a lieu tous les ans et a pour vocation entre autres choses de collecter des fonds pour aider les victimes des mines. J’ai d’ailleurs été impressionnée en voyant plusieurs coureurs appareillés (jambes, bras)

J’ai participé à la course de 10km et j’ai beaucoup apprécié malgré un départ à 6h20 ! Le parcours traverse la forêt et s’achève face aux temples, c’est somptueux et il y a une super ambiance. J’ai mis 1h05 et j’étais plutôt fière de moi vu mon peu d’entrainement.

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Ce jour là, nous avons fait une pause avec les visites de temples et sommes allés sur le lac Tonlé Sap, visiter les villages flottants, une balade très agréable en bateau, un lieu paisible, très joli (si on met de côté l’aspect attrape-touriste et les prix délirants qui sont annoncés). Outre la promenade, c’est très étonnant de voir ces maisons sur pilotis à plus de 5m du sol, de voir les ponts qui sont reconstruits chaque année (car démolis à la saison des pluies), de voir les gens se déplacer en barque et d’imaginer leur vie (il y a une école, une gendarmerie, une église, un temple…)

Bilan Siem Reap / Angkor

Siem Reap est la ville où l’on séjourne pour visiter les temples. Ville plutôt sympathique au départ mais qui se développe à toute vitesse et subit le contre coup de l’affluence de touristes; trop de monde, trop d’hôtels, de bars… et les prix qui vont avec !

Angkor semble encore préservée mais se trouve en plein paradoxe, le tourisme fournit des fonds pour l’entretien du site mais il est aussi vecteur de destruction (érosion, pollution…)

Néanmoins, nous n’avons pas ressenti l’oppression du tourisme de masse (pourtant bien présent) et avons pu apprécier déambuler dans les ruines, nous abandonner à la contemplation des pierres et nous mesurer à l’immensité des arbres.

Après ces quelques jours culturels, nous avons repris la route vers Sihanoukville, port de départ des bateaux en direction des îles.  Pour nous y rendre, nous avons voulu tester une autre catégorie de sleeping bus, hotel bus qui nous paraissait très bien mais qui au final s’est avéré assez terrible, lits beaucoup trop petits, pas d’arrêt pour manger (ah si un paquet chips !)…

On a enchaîné au réveil avec un trajet en bateau sur une mer déchaînée pour arriver enfin sur l’île.

Koh Rong Samloem entre paradis et déchetterie !

Arrivés sur l’île, la première impression ne fut pas la bonne: plage inexistante, plein de saletés partout rejetées par la mer ou les gens, hôtel très moyen… il faut dire qu’après la nuit chaotique et la traversée sous la tempête nous n’étions pas très objectifs. Le lendemain, avec du soleil et en marchant un peu pour trouver une vraie plage, tout nous est apparu sous un jour nouveau: seuls au monde, sur un petit bout de plage déserte à faire de la balançoire, lézarder, bouquiner, se baigner… une petite parenthèse paradisiaque.

Phnom Penh une capitale qui en vaut la peine

Nous avons passé presque 4 jours à PP, deux jours avec Julie et deux jours après son départ. C’est une ville qui mérite le détour pour profiter des rues arborées, de l’architecture coloniale, des marchés…

Nous devions assister à un festival de street art mais nous n’avons jamais trouvé le lieu de départ et le tuk tuk tour prévu s’est transformé en tour sans fin dans la ville. A cette occasion le chauffeur nous a emmenés voir des matchs de boxe cambodgienne. On en a vu deux et on est parti, la salle en délire devant les deux petits jeunes se massacrant, c’était trop pour nous !

Tuol Sleng, topographie de l’horreur incarnée

Nous ne pouvions pas faire l’impasse sur la visite du musée du génocide, Tuol Seng, prison S21. C’est un ancien lycée qui a été investi par les khmers rouges pour devenir une prison où près de 20000 personnes, hommes, femmes, enfants, bébés ont été emprisonnés, torturés, avant d’être tués. Il s’agissait pour le régime de Pol Pot de débarassasser le pays des supposés opposants du Kampuchea Démocratique.

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Témoignage:

« Les Khmers rouges enfermaient à S-21 tous les opposants supposés au régime, sur n’importe quel motif. Les personnes enfermées étaient aussi bien des jeunes que des personnes plus âgées. Il y avait des femmes, des enfants, et parfois des familles entières (bébés y compris) d’ouvriers, d’intellectuels, de ministres et de diplomates cambodgiens, mais aussi des étrangers (Indiens, Pakistanais, Anglais, Américains, Canadiens, Australiens…). Le simple fait de porter des lunettes (y compris pour les enfants) était suffisant pour être considéré comme intellectuel et donc « à exterminer ». 

Un audio guide accompagne la visite et raconte les atrocités qui s’y sont produites. Je m’abstiendrai de les détailler ici. Je retiendrai surtout les photos, énormément de photos. Tous les détenus qui arrivaient été photographiés et répertoriés par une administration minutieuse.

Après une telle visite, on ne peut oublier les oublier les photos de toutes ces victimes. Les clichés en noir et blanc figent ainsi toutes ces âmes, ces yeux qui crient leur terreur, leur incompréhension. Ces regards effrayés hantent les visiteurs pendant longtemps. Devant les portraits, écoutant un témoignage, submergée par l’émotion, je pense à ceux qui retrouvent la trace d’un parent proche disparu en découvrant sa photo sur un panneau du musée de l’horreur.

Ce fut une visite éprouvante  mais qui s’imposait tant ce passé terrible est prégnant dans le Cambodge actuel. Parmi les cambodgiens que nous avons rencontrés, beaucoup ont évoqué des membres de leur famille tués sous le régime des khmers rouges ou blessés par les mines. Il était donc important de découvrir ce pays à travers son histoire. (Andrea, trop jeune, est resté dans les jardins pendant la visite.)

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Ce monument est un symbole de réparation collective, obtenue à la fin du procès de Duch (directeur de la prison). Le discours de l’ambassadeur d’Allemagne (le pays qui a financé le mémorial) est très touchant, il invite les familles à utiliser le lieu comme «un lieu de prière et de réconciliation – peut-être même comme un lieu de pardon».

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Happy Chandara

J’ai contacté l’association Happy chandara, Toutes à l’école, et nous avons pu y passer la matinée avant notre départ. C’est une association créée en 2006 par Tina Kieffer (ancienne directrice de Marie Claire) pour la scolarisation des filles.

Ainsi notre voyage au Cambodge s’est terminé comme il a commencé: avec des sourires d’enfants.

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8 commentaires sur “Cambodge

  1. La prison de Tuol Seng m’avait marquée aussi, un visage parmi toutes les photos m’avait meme hanté quelques temps…

    Bravo encore pour la course d’Angkor! J’ai pas compris le commentaire sur les coureurs « appareillés » par contre?

    Ah et a propos de Kampot et de son poivre vert, j’ai entendu dire que la ville etait egalement pour ses pommes, tu confirmes?

    1. Hahahahaha ! Malheureusement c’était pas encore la saison pour les « Kampot » de pommes 😉
      (blague du niveau d’Elias; il a beaucoup ri !)

      Pour les coureurs appareillés, je voulais dire avec une jambe artificielle…

  2. Ces images sont magnifiques. J’ai souvent entendu parler du Cambodge et tes photos me confirment tout ce que j’ai entendu de bien concernant ce pays. Merci pour ce partage.
    Passe une bonne journée !

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